Système sonore

Les traits pertinents qui rendent aisément reconnaissable le tchèque sont la différence entre voyelles longues et courtes, la différence entre consonnes dures et molles (malgré son faible rendement) et les consonnes notée « ř » et « h », l'accent fixe initial. On classe ci-dessous les phonèmes suivant la dichotomie traditionnelle consonnes vs. voyelles, bien qu'elle soit difficile à mettre en œuvre en tchèque (cf. les diphtongues et les sonnantes).

Voyelles

Les voyelles tchèques sont soit courtes, soit longues, ce qui affecte peu leur timbre.

Cette différence de longueur permet d’opposer des mots (elle est phonologiquement pertinente), comme le montrent les paires minimales suivantes :

La nature de cette opposition partage les spécialistes : En tout état de cause, cette longueur n’est pas un simple redoublement de voyelles: il n’y a pas de sens d’interpréter /á/ comme /a/ suivi d’un autre /a/, c’est-à-dire de décomposer les syllabes longues en deux mores) : en effet, l'accent de mot frappant une voyelle longue s’applique sans distinction de mores (a contrario du serbe, du croate ou du grec ancien).

Diphtongues

Il y a trois diphtongues en tchèque :

Consonnes

La lettre « ř » représente un phonème réputé spécifique au tchèque. Mazon décrit ce « ř si caractéristique du tchèque ». Il combine les vibrations de la langue d’un « r » roulé et le bruit de friction de la chuintante « j ». C’est une consonne dorsoalvéolaire roulée dont la variante principale est voisée, qui se transcrit comme /r̝/ (ou /ɼ/ dans le système API d’avant 1989).

La fricative voisée /ɦ/ est produite par resserrement du chenal buccal au niveau du larynx lors de l’émission de la voix. (Elle ne doit pas être confondue avec la fricative sourde — dite « expirée » — de l’anglais « holiday »). Elle est notée « h » devant une voyelle.

Le digramme « ch » /x/, mais également « h » ailleurs que devant une voyelle, note le correspondant sourd de la précédente. Sa réalisation est comparable à l’allemand « Ach! », mais plus douce.

En outre, comme on l’a dit, il existe une corrélation de mouillure pour les dentales occlusives et sonnantes ; les consonnes molles sont très nettement palatalisées :

Les sonnantes [r], [m] et [l] peuvent fonctionner comme sommet de syllabe (à l’instar de voyelles) et permet des mots autrement dépourvus de voyelles comme zmrzl « il a gelé » ; ztvrdl « il a durci » ; scvrkl « il a rétréci » ; čtvrthrst « quart de poignée » ; blb « imbécile » ; vlk « loup » ; smrt « la mort » ; sedm « sept ». Cette propriété est illustrée dans un virelangue célèbre : Strč prst skrz krk « mets ton doigt en travers de la gorge ».

Le tchèque considère le [m], le [r] et le [l] comme des semi-voyelles. Lorsqu’elles jouent ce rôle, elles sont toujours dures. Par exemple, la règle de l’adjonction de voyelles euphoniques, devant un mot commençant par deux consonnes, ne s’applique pas si le mot commence par l’un de ces deux phonèmes : ve kterém « dans lequel » mais v kleci « dans la cage ».

À la fin des mots et devant sourdes, les consonnes sonores (voisées) sont assourdies : lev « lion » se prononce comme s’il était écrit « lef » et batoh « sac » se prononce comme « batoch ».

Initiale des mots

Plusieurs phénomènes interviennent à l'initiale des mots.

On constate l'insertion d'un coup de glotte devant voyelles. Ce coup de glotte est traité comme une consonne sourde, et entraîne par conséquent l'assourdissement des consonnes voisées (sonores) qui précèdent : pod oknem [potʔoknem] « sous la fenêtre ». La prononciation [podoknem], jugée plus relâchée, se rencontre lorsque le débit est plus rapide.

Dans la langue familière, devant l'initiale o- se développe parfois la prothèse [v]: ainsi okno se dit souvent vokno.

Ces phénomènes permettent de distinguer l'initiale absolue du mot de l'initiale du groupe plus large, incluant les particules atones (clitiques), qui porte l'accent.

Accent

L'accent est toujours porté sur la première syllabe du mot. Il existe des exceptions.

Les prépositions monosyllabiques forment une unité avec le mot suivant si celui-ci n'est pas plus long que trois syllabes. L'accent est alors placé sur la préposition : par exemple ˈPraha (Prague) → ˈdo Prahy (vers Prague). Cette règle n'est pas appliquée pour les longs mots, par exemple : ˈna ˈkoloˌnádě.

Des mots monosyllabiques (par exemple : mi (moi), ti (tu), to (ça), se, si (même), jsem (suis), jsi (es), etc.) sont des clitiques. Ils n'ont pas d'accent et forment une unité avec les mots précédents. Un clitique ne peut pas être le premier mot d'une phrase. Un autre mot doit le précéder. Par exemple : ˈNapsal jsem ti ˈten ˈdopis, Je t'ai écrit cette lettre.

Les mots de plus deux syllabes ont d'autres accents. Placés sur les syllabes impaires, ils sont beaucoup moins marqués que le premier accent, dont ils constituent une sorte d'« écho ». Par exemple : ˈnej.krás.ˌněj.ší (le plus beau).

L'accent n'influence pas la longueur des voyelles. Ceci offre quatre possibilités, caractéristiques du rythme en tchèque :